Nicolas Bianchi, docteur du RIRRA 21, a reçu vendredi 9 décembre 2022, le second prix de thèse de la Fondation Tronc-Chanal (Fondation de France) pour sa thèse Les “Gaîtés” de la tranchée. Poétique historique du rire romanesque de la Grande Guerre, 1914-1939.
Nicolas Bianchi, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon et agrégé de Lettres modernes, a préparé sa thèse au RIRRA 21 sous la direction de Marie-Ève Thérenty, professeure de littérature française à l'université Paul-Valéry de Montpellier et membre de l’IUF et de Pierre Schoentjes, professeur de littérature française (Université de Gent) . Il est ATER depuis plusieurs années au département de lettres d'Aix-Marseille Université.
Les Gaîtés » de la tranchée. Poétique historique du rire romanesque de la grande guerre » (1914-1939) est une thèse d’ampleur sur un phénomène peu étudié jusqu’ici, la mobilisation contre-intuitive mais abondante du rire dans les témoignages et les récits de la grande guerre.
Le corpus de la thèse réunit une soixantaine de romans en volume dans leurs différentes versions et une trentaine de romans-feuilletons publiés dans les journaux de tranchée. À cela s’ajoutent une cinquantaine de témoignages non fictionnels, une centaine de correspondances, des journaux de tranchées, de la grande presse, des sources complémentaires comme l’artisanat de tranchée, le cinéma, la chanson, les archives d’écrivains, la censure, des collections d’almanachs. Dans ce corpus, on trouve des textes très connus (Le Feu d’Henri Barbusse, Voyage au bout de la nuit de Céline, Les Croix de bois de Roland Dorgelès, Les silences du Colonel Bramble d’André Maurois) et des découvertes.
La thèse suit notamment la veine de l’épicomique, un épique aux ressorts risibles qui emprunte énormément à l’industrie du rire de la Belle Époque (comique troupier, esprit de Montmartre, petits journaux) et qui va constituer une machine à bourrer les crânes pendant une large partie de la guerre en imprégnant le premier métarécit de l’union sacrée. La thèse suit cette veine épicomique jusqu’à son épuisement devant la montée du grand récit métapacifiste de la grande guerre.
Cette thèse aborde ainsi une histoire culturelle et littéraire du rire pendant la guerre, et une histoire du rire romanesque entre la première guerre mondiale et 1939.