Les écrivains et la radio en France (XXe-XXIe siècles)

Responsable : Pierre-Marie Héron, PR en littérature française, membre senior de l’Institut universitaire de France.

Ce programme explore depuis le début des années 2000 les pratiques, les poétiques, les itinéraires d’écrivains et de journalistes littéraires travaillant pour et/ou à la radio en France, des années Vingt à l’extrême contemporain. Trois genres d’émisssion font plus particulièrement l’objet de rencontres et publications régulières : la fiction radiophonique, l’entretien d’écrivain, les émissions de poésie.  Les derniers travaux (2011-2014) ont aussi porté sur des auteurs appartenant à différents moments de l’histoire de la radio et ayant joué, pour certains, un rôle important dans la conception et la production de programmes littéraires sur les ondes : Jean Cocteau, Philippe Soupault, Frédéric Jacques Temple, François Bon.
Souvent abordée en marge de leur œuvre écrite, l’activité des écrivains à la radio s’affirme au fil du vingtième siècle, spécialement durant « l’âge d’or » des années Gilson (1946-1963), comme un lieu de croisement majeur des champs littéraires et médiatiques, à examiner pour lui-même.L’étude de ces corpus et de leurs enjeux vise aussi à réintégrer un continent en grande partie oublié dans l’histoire de la littérature et de sa communication littéraire et médiatique.
Ce programme organise aussi annuellement, sous le titre « Actualité de la recherche en radiolittérature (France, XXe-XXIe siècles) », une journée sans public permettant aux chercheurs en littérature (chercheurs confirmés, jeunes chercheurs, doctorants…) de se retrouver pour échanger sur leurs travaux récents ou en cours dans ce domaine et de confronter ou croiser leurs projets. La prochaine journée aura lieu vendredi 12 juin 2015.

Prochaine action de l’année 2014 :

Colloque « La poésie sur les ondes : une affaire de poètes ? », 20-21 novembre 2014. En présence des poètes André Velter (Poésie sur parole, France Culture, 1987-2008) et Franck Smith (La poésie n’est pas une solution, 2012).
Comité d’organisation : Pierre-Marie Héron, Céline Pardo (Paris-Sorbonne), Philippe Marty, Marie Joqueviel-Bourjea. Appel à communication ici.
L’émission poétique de poète est un genre radiophonique : dans l’histoire de la radio, ce sont très souvent les poètes qui se sont chargés (ou qu’on a chargés) de la production des émissions de poésie.  « Chemins et routes de la poésie » d’Eluard en 1949, « Poésie à haute voix » de Pierre Jean Jouve (1950), « Le poème et son image » de Pierre Emmanuel en 1955-1956, le « Bureau de poésie » d’André Beucler (1955-1973), les émissions de Philippe Soupault (« Prenez garde à la poésie », « Poésie à quatre voix », « Poètes oubliés, amis inconnus », « Vive la poésie »), plus récemment, « Poésie sur parole » d’André Velter puis Jean-Baptiste Para (1987-2008)…  L’objectif du colloque est de parvenir à une compréhension globale et historicisée de la manière dont les poètes font entendre la poésie à la radio, et de mieux identifier les enjeux du passage par le medium radiophonique dans la transmission par les poètes eux-mêmes des questionnements relatifs à la poésie.

Programme 2015-2019 : 

2015

Journée d’étude  Robert Desnos et les Studios Foniric, 13 mars 2015
Comité d’organisation :  Pierre-Marie Héron, Marie-Claire Dumas (Paris 7), Marie-Paule Berranger (Paris 3).
C’est au sein des Studios Foniric, créés en 1932 par son ami Paul Deharme, que Robert Desnos, rendu célèbre par ses slogans publicitaires pour la radio, réalise toutes ses émissions de 1933 à 1939. Armand Salacrou, Alejo Carpentier, Gilbert Cesbron, Jacques Prévert, Kurt Weill, de temps en temps Antonin Artaud, Léon-Paul Fargue, Marcel Herrand, comptent parmi les collaborateurs. Pour des émissions sur Radio Luxembourg et le Poste Parisien, les auteurs des Studios Foniric produisent des chansons, poèmes et reportages publicitaires, des feuilletons, des évocations sonores, des mises en ondes dramatiques, des émissions parlées. Faisant suite aux travaux de Marie-Claire Dumas et Katharine Conley, la journée d’étude vise à la fois à mieux connaître l’activité radiophonique du poète et à la réinscrire dans ce qui fut le plus souvent un travail d’équipe.

Journée d’étude « François Billetdoux, théâtre et radio »,10 avril 2015
Comité d’organisation : Pierre-Marie Héron, Gérard Lieber, Didier Plassard. En collaboration avec le programme « Écritures scéniques ».
François Billetdoux est aujourd’hui un auteur peu joué, un auteur oublié. Surtout connu comme auteur de théâtre, il a cependant commencé sa carrière en 1946 comme auteur et producteur de radio, et à l’occasion réalisateur ; une étape formatrice dont il a souvent souligné ensuite  l’importance et l’influence sur son écriture théâtrale. Billetdoux écrit ses premières dramatiques dans les années Cinquante pour la série Les Maîtres du mystère. Les monologues et « essais radiophoniques » sont nombreux autour de 1970 : Quelqu’un devrait faire quelque chose (1969), Ai-je dit que je suis bossu ? (1971), Rintru pa trou tar hin (1971), Pilaf (sélectionné pour le prix Italia 1972), Océan de théâtre (1972, avec Odette Aslan), etc. La journée vise à redécouvrir les diverses facettes d’une œuvre radiophonique aussi abondante et diversiforme que méconnue, et ses interférences avec l’œuvre théâtrale.

Colloque international « Textes radiophoniques du Nouveau Roman », 19-20 novembre 2015. Organisation : Pierre-Marie Héron, Annie Pibarot, Françoise Joly (Stuttgart), Jochen Mecke (Regensburg).
Presque tous les écrivains associés à un moment ou un autre au « Nouveau Roman » (à l’exception de Robbe-Grillet) ont écrit des œuvres pour la radio, en partie originales, en partie dérivées de textes antérieurs, dont une grande partie résulte de commandes de la SDR de Stuttgart. Butor écrit pour la radio Réseau aérien (1962) et 6810000 litres d’eau par seconde (1965). Claude Ollier est l’auteur d’une douzaine de « jeux acoustiques » entre 1966 et 1996, conçus comme des compositions sonores. De La Manivelle / The Old Tune (trad. de Beckett) en 1960 à Mortin pas mort (1984), Robert Pinget produit une petite dizaine de « pièces radiophoniques » privilégiant les formes de l’interview, de l’enquête et du dialogue. Pour Sarraute, de Silence (1964) à Isma (1972) et Elle est là (1977), la radio est la voie d’un renouvellement après Les Fruits d’or (1963). De l’adaptation d’Un barrage contre le Pacifique en 1955 à L’après-midi de Monsieur Andesmas (1965, adaptation de l’auteur) et India Song en 1969, dont la bande-son sera reprise pour son film culte de 1975, Duras nourrit un travail sur le pouvoir fétichiste de la voix dont sa production cinématographique ultérieure conserve l’empreinte. Le colloque se propose de visister ou revisiter ces corpus radiophoniques inégalement étudiés des écrivains de l’après-guerre associés à un moment ou un autre au Nouveau Roman, parmi lesquels figurent Butor, Ollier, Pinget, Sarraute ou Claude Simon, mais aussi Beckett, Duras, Jean Thibaudeau, Monique Wittig et d’autres.

2016

La journée d’étude de mars portera sur « Georges Charbonnier, l’infatigable passeur ». On doit à cette prolifique grande figure de la radio (1921-1990) des émissions de critique littéraire, artistique et scientifique, parmi lesquelles Incompatibilité d’humour (1950, dix émissions), Anthologie française (1957-1962), Anthologie étrangère (1959-1963), Le Domaine du roman (1960-1961, 26 émissions). Ses productions « Bonjour Monsieur… », vives et alertes évocations scénarisées du douanier Rousseau (2 septembre 1950), d’Alfred Jarry (15 décembre 1951), de Gogol (5 avril 1952) et de Rabelais (22 et 29 novembre 1952), réalisées avec Alain Trutat et Gérard Herzog, restent mémorables. De 1955 à 1976, il a aussi mené vingt séries d’entretiens avec des grands noms de la culture contemporaine, comme Maurice Merleau-Ponty, Jorge Luis Borges, Michel Butor, René Etiemble, Raymond Queneau, Jacques Audiberti, Arthur Adamov, Roland Barthes, Georges Balandier.

On retrouvera probablement Charbonnier dans le colloque d’avril 2016 : « Entretiens-feuilletons des années 1960 et 1970 ». Dans la suite des deux ouvrages déjà publiés à Montpellier sur les entretiens des années cinquante (Les écrivains à la radio en 2000, Écrivains au micro en 2009), ce colloque passera en revue les séries des deux décennies suivantes, qui ont fait venir au micro Prévert, Queneau, Audiberti, Aragon, Adamov, Ponge, Butor, Leiris… (années 1960), Claude Simon, G.-E. Clancier, Kessel, Pieyre de Mandiargues, Césaire, Robbe-Grillet, Soupault… (années 1970).

En novembre, nous organiserons un colloque sur « Les émissions littéraires à la radio », au fond peu étudiées à l’exception des grandes séries d’entretiens-feuilletons que nous sortirons du champ de ce colloque, et d’émissions phares comme « Radioscopie » de Jacques Chancel (1967-1989) et « Le Masque et la plume » (depuis 1954), associant cinéma, théâtre, livre et télévision. Régulières déjà avant-guerre, elles se multiplient pendant les années fastes où la radio d’État est pilotée par des écrivains, poètes et hommes de culture comme Wladimir Porché, Paul Gilson et Henry Barraud. Parmi les émissions régulières les plus stables : « Le Goût des livres » (1950-1965), « Belles-Lettres » (1952-1963) / « La Semaine littéraire » (1963-1965), « Plaisir de la lecture », « La vie des Lettres » (1953-1963) / « Tribune des critiques »(1963-1965), « Un livre, des voix » (1968-1990), « Du jour au lendemain » (depuis 1988) « Lettres ouvertes » (depuis 1992), les « Jeudis littéraires » (puis « Mardis littéraires » puis « L’Atelier littéraire », 1997-2010).

2017

L’année commencera en mars par une journée d’étude sur un programme hebdomadaire phare de la Chaîne nationale, « Soirées de Paris » (1952-1965). Fictions inédites et adaptations, émissions d’hommage, de poésie, d’histoire, critique littéraire, évocations biographiques scénarisées, documentaires, tous les genres et tous les styles semblent avoir voisiné dans ce qui fut avant tout un « domaine réservé » du Directeur des programmes artistiques de la radio d’État, Paul Gilson. Mais il faut avouer qu’on ne connaît que par bribes ce que furent concrètement ces « Soirées de Paris ». La journée d’étude vise à en prendre une vue d’ensemble.

Elle servira d’introduction au colloque d’avril sur « Les années Gilson (1946-1963) », considérées comme l’« âge d’or » de la radio littéraire et, comme tout âge d’or, souvent idéalisées par ses héritiers. Durant ces années, les émissions littéraires, présentes sur toutes les chaînes généralistes, se comptent de fait par dizaines, les fictions radiophoniques de qualité abondent, la radio d’art est vivante, notamment au sein du Club d’Essai de Paris, dirigé par le poète Jean Tardieu, dans certaines « cases » des Chaînes parisienne et nationale comme les « Soirées de Paris », dans certaines stations de province (Lille, Montpellier). En collaboration avec la Société pour l’histoire des médias (U. de Saint-Quentin), le colloque cherchera à prendre la mesure de ce que fut cette période faste pour les écrivains, la littérature et l’art radiophonique, et à en donner un panorama.

En septembre 2017, journée d’étude « Pierre Dumayet, de la radio à la télévision ». On connaît surtout le meneur de l’émission « Lectures pour tous » (1953-1968), étudiée par Sophie de Closets (Quand la télévision aimait les écrivains : « Lectures pour tous », 2004). La journée propose de réévaluer l’action de ce grand « journaliste littéraire » à la radio, où il fait déjà souvent équipe avec Pierre Desgraupes à partir de 1946, mais aussi à la télévision, où il entre en 1949 et produit les dialogues du premier feuilleton télévisé (L’Agence Nostradamus, 1950).

En novembre 2017, le colloque proposé portera sur « Les cartes blanches aux écrivains », qui jouent un rôle déterminant dans la longue histoire de l’apprivoisement du média radiophonique par les écrivains, à partir des années Trente (« La Rose des vents » sur Radio 37, « Banc d’essai » sur Radio Luxembourg en 1938-1939). A partir de 1947, avec la série « Carte blanche à… », suscitée par Paul Gilson sur la Chaîne nationale,  ce type d’émission ne sert pas seulement à attirer des débutants vers la création radiophonique, mais à permettre à des personnalités de composer à leur guise (parmi elles Queneau, Audiberti, Ribemont-Dessaignes, Roger Grenier, Béatrice Beck, Robert Sabatier, Pierre Gascar, Jean Cau…) D’autres séries, pouvant proposer jusqu’à trois heures d’antenne, déclinent ce principe de la « carte blanche » : « Comme il vous plaira » dans les années 1960, « Le bon plaisir de… » dans les années 1990. Lectures, bouts d’entretiens, extraits d’émissions variées retrouvées dans les archives, y dessinent des mosaïques inédites. Le colloque permettra de se pencher sur le phénomène, ses réalisations, ses auteurs, ses formats.

2018

En mars 2018, journée d’étude sur « Les Prix Italia français ». Le Prix Italia, créé en 1949 pour récompenser les meilleures œuvres radiophoniques diffusées sur les radios de service public des pays adhérents, est en quelque sorte le « Goncourt international » de la radio. La journée propose d’étudier les fictions françaises récompensées par ce prix : Frédéric Général, comédie-farce de Jacques Constant (1949) ; Une larme du diable de René Clair et Jean Forest, d’après Théophile Gautier(1954) ; C’est vrai mais il ne faut pas le croire de Claude Aveline (1955) ; La composition de calcul de Jean Forest (1956) ; Les enfants du palais de Michel Cournot (1962) ; La vue de Delft de Gérard Blum et Quentin Ritzen (1966) ; L’attentat en direct de Claude Ollier (1969) ; Récit, Combine hearing, récit-collage de Severo Sarduy (1972), Pour Quoi ? de René Jentet (1973) ; L’Italien de la rue des Cloys de Fabrice Pinte (1974) ; Ne m’oublie pas de Madeleine Louys (1976) ; Un zoom de trop de Béatrice Audry (1986) ; Sans filet de Béatrice Shalit (1988) ; Pèlerinage chez Beethoven de Bernard Da Costa (1993) ; Farben de Mathieu Bertholet (2009) ; Les morts qui touchent d’Alexandre Koutchevsky (2010).

En avril, colloque « La radio de création et ses publics après le Club d’Essai », sur les productions de l’« Atelier de création radiophonique » (depuis 1969), de « L’Oreille en coin » diffusé le dimanche sur France Inter (1969-1990), d’Arte radio (depuis 2002) notamment. Illustre par son palmarès de prix (une quinzaine de prix internationaux) et d’auteurs (Perec, Duras, Billetdoux, Novarina…), bénéficiant d’une longévité exceptionnelle, l’atelier de France Culture partage avec celui de France Inter une référence fondatrice au Club d’Essai de Jean Tardieu et son esprit de grande liberté. Leurs rythmes et leur styles sont différents : la première, installée dans des formats longs de 2h40, mixés à l’avance, diffusés sans direct sur la grande chaîne culturelle de la radio d’État, et globalement peu médiatisés, s’adresse à un auditeur « assis » ; la seconde, qui propose des formats courts ou très courts sur sa chaîne grand public, dont les mixages, commencés dans la semaine, sont terminés en direct, s’adresse à un auditeur en mouvement. La webradio d’Arte, pour sa part, qui propose par internet des « court-métrages » sonores de formats variés, réalisés « à l’ancienne », revient au différé en s’adaptant aux comportements d’auditeurs générés par le web : écoute et téléchargement à la demande, podcasting, audioblogs. Les écrivains du livre ne sont plus aujourd’hui majoritaires parmi les auteurs de ces ateliers de création, qui accueillent des compositeurs, plasticiens, cinéastes, performeurs, metteurs en scène et réalisateurs. Histoire et panorama de ces ateliers, rythmes, outils d’écriture (de la bande magnétique au numérique) et de diffusion, place et apport des auteurs littéraires, prise en compte des publics, seront des voies à explorer au cours de ce colloque.

En novembre 2018, une journée d’étude s’intéressera aux « Écrivains auditeurs de radio ». Si, des premiers temps de la TSF à la webradio des années 2000, les conditions d’écoute des émissions de radio ont beaucoup changé, les polémiques sur la qualité et la nature des programmes sont une constante dans la presse. Les écrivains ne sont globalement pas en reste dans ces critiques, et cependant, de Mac Orlan, Maeterlinck, Cocteau, Cendrars, Valéry ou Paul Eluard à Pierre Bergounioux, Pierre Michon, Antoine Volodine ou François Bon, on trouve aisément et même chez les plus réticents des pages évocatrices de bonheurs d’écoute, de révélations, d’instants parfaits. Pages suscitées par toutes sortes d’événements des ondes, vécus à différents âges, suscités par toutes sortes d’émissions, réputées artistiques ou non. Les contributions à la journée d’étude s’intéresseront aux relations que des écrivains pris dans différentes générations au fil du siècle entretiennent avec la radio comme auditeurs.

2019

L’année commencera en mars par une journée d’étude « Blaise Cendrars sans images », portant sur l’ensemble des collaborations de l’écrivain à la radio, des premières adaptations sur Radio-Luxembourg en 1938-1939 aux huit dramatiques des années 1951 à 1957, dont les trois regroupées sous le titre Films sans images.

Elle sera l’occasion de s’intéresser à la « gestion » de sa voix par l’écrivain, question qui sera reprise dans le colloque d’avril : « Voix d’écrivains à la radio hier et aujourd’hui ». Non seulement la radio favorise les retrouvailles de la poésie avec sa dimension sonore et encourage la poésie à haute voix, mais elle fait entendre des voix d’écrivain dans toutes sortes d’émissions parlées, notamment à travers lectures, causeries, entretiens. Il y a des pratiques religieuses, fétichistes ou amicales de l’écoute radiophonique : entendre la voix d’un écrivain admiré, aimé ou respecté constitue dans l’entre-deux-guerres une extension inédite de la « visite au grand homme »… qu’elle modifie aussi en profondeur en contribuant à tuer l’esprit de pèlerinage. Écho à l’entreprise muséale des « Archives de la parole » pilotée par Ferdinand Brunot en 1911-1913, qui enregistre les voix d’une soixantaine de poètes, la collection de « voix célèbres » réalisée par le Club d’Essai en 1947-1948, ou la vogue des émissions d’archives sur France Culture depuis vingt ans, relèvent du même phénomène. Certains écrivains doués de parole, créateurs d’un style vocal, comme Paul Léautaud ou Marguerite Duras, font du reste mentir le pronostic de Walter Benjamin sur la déchéance de l’aura des écrivains à l’ère des médias et de la reproductibilité technique. Cependant l’idée que la voix d’un écrivain et son ethos radiophonique (ou télévisuel) sont un bon chemin d’accès à son œuvre écrite, ne va pas de soi. Le colloque sera l’occasion d’explorer les différents enjeux médiatiques et artistiques de l’audition de voix d’écrivains à la radio, en lien avec leur œuvre ou à côté.

Le colloque de novembre 2019 devrait porter sur « Les médias de la voix dans la littérature (XIXe-XXIe s.) » : il existe bien avant la radio tout un imaginaire de la communication à distance en littérature (v. Hermès sans fil, A. Montandon dir., 1995), qu’enrichissent et infléchissent à la fois les médias de la voix aux XIXe et XXe siècles (v. Franc Schuerewegen, À distance de voix, 1994). Phonographe puis magnétophone, téléphone, haut-parleur, voire théâtrophone (Verne, Proust) ou dictaphone (Cendrars), précèdent et pour certains accompagnent l’essor de la radio, créatrice d’une logosphère inconnue avant elle, en attendant l’avènement de la télévision puis d’internet. Comment ces médias de la voix sont-ils traités dans la littérature des XIXe au XXIe siècle, d’une part ? Comment d’autre part influencent-ils l’écriture littéraire ?

 Publications en préparation : 

– P.-M. Héron, M.-P. Berranger, C. Pardo (dir.), Les radios de Philippe Soupault. Actes de la journée d’étude de Montpellier (20 mars 2014).
Textes de :  Marie-Paule Berranger, Myriam Boucharenc, Sylvie Cassayre, Pierre-Marie Héron, Karine Le Bail, Myriam Mallart, Céline Pardo,  Delphine Vernozy.

– P.-M. Héron et F. Thérond (dir.), Tierslivre.net : François Bon à l’oeuvre. Actes des journées d’étude de Montpellier (29-30 novembre 2013).
Textes de : Aurélie Adler, Stéphane Bikialo, François Bon, Gilles Bonnet, Emmanuel Delabranche, Michel Collomb, Oriane Deseilligny, Sylvie Ducas, Anaïs Guilet, Pierre-Marie Héron, Arnaud Maïsetti,  Martin Rass, Sébastien Rongier, Florence Thérond.

Publications récentes : 

– P.-M. Héron et S. Linarès (dir.), Jean Cocteau. Pratiques du média radiophonique, Caen, Editions Minard Lettres modernes (série Jean Cocteau, n°7), 2013, 244 p. 24 €. ISBN 978-2-256-91174-3. Présentation
Textes de : Marianne Bouchardon, Guillaume Boulangé, Alexandre Castant, Michel Collomb, P.-M. Héron, Serge Linarès, Marie-Ève Thérenty.

– Pierre-Marie Héron et Claude Leroy (dir.), Les Univers de Frédéric Jacques Temple, Montpellier, PULM, 2014. Un volume 16 x 24 cm  de 390 p., 30 illustrations, 24 euros. ISSN 2115-7774, ISBN 978-2-36781-036-2. Présentation
Textes de : Marie-Paule Berranger, François de la Bretèque, Colette Camelin, Rino Cortiana, Jean-Carlo Flückiger, Jean-Claude Forêt, Gilles Gudin de Vallerin, Pierre-Marie Héron, Michel Hilaire, Marie Joqueviel-Bourjea, Naget Khadda, Claude Leroy, Gérard Lieber, Jean-Louis Meunier, Patrick Quillier.

Abécédaire Frédéric Jacques Temple, Montpellier, PULM, 64 p. Hors-commerce. Choix des textes : P.-M. Héron en collaboration avec Claude Leroy, Gérard Lieber et Brigitte Portal.
Entrées : Amérique, Amour, Arbre, Boire, Bonheur, Celui-qui-marche-dans-le-soleil, Cendrars, Collection, Création, Delteil, Dieu, Écrire, L’Enclos, Fondamente, Guerre, Haute-Plage, Indiens, Influences, Jardin, Kaléidoscope, Lectures, Licorne, Limule, Livre, Mémoire, Mer, Miller, Montpellier, Musique, Nantucket, Oc, Oiseau, Papier, Poésie, Québec, Qui suis-je ?, Radio, Rimbaud, Sud, Table, Temps, Traduire, Venise, Vivre, Voyage, Whitman, Zinzolin.

– Blog « Les univers de Frédéric Jacques Temple »
Blog créé en janvier 2014 pour saluer la réception du prix Apollinaire à l’automne 2013 par un poète qui fut responsable de la station radiophonique de Montpellier de 1954 à 1965, puis chef des services de l’ORTF (radio et télévision) pour le Languedoc-Roussillon jusqu’en 1975.

Principales publications antérieures :

– Pierre-Marie Héron (dir), Écrivains au micro. Les entretiens-feuilletons à la radio française dans les années cinquante, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2010, 254 p. Présentation
Contributions de : Roland Beyen, Alexandre Castant, Micheline Cellier-Gelly, Michel Collomb, Nicolas Denavarre, Jean-Francois Domenget, Jacques Dupont, Christian Garaud, Pierre-Marie Héron, Aude Leblond, Jacques Message, Michel Sandras, Christopher Todd, Michèle Touret, Jean Touzot.

– Henry Barraud, Un compositeur aux commandes de la Radio. Essai d’autobiographie, Myriam Chimènes et Karine Le Bail (dir.), préfaces de Jean-Noël Jeanneney et Bruno Racine, Paris, Fayard / Éditions de la BnF, 2010, 1130 p. Présentation
Directeur de la Musique à la Libération, puis de la Chaîne nationale, ancêtre de France Culture, Henry Barraud est notamment à l’origine des grandes séries d’entretiens radiophoniques avec des écrivains : Gide, Claudel, Mauriac, Léautaud, Breton, etc. Une équipe de collaborateurs annote son autobiographie. Contribution du Rirra21 : 370 notes littéraires et radio-littéraires, des années 1900 aux années 1970.

 – Pierre-Marie Héron, Jean Cocteau à la radio. Essai d’inventaire des émissions diffusées en France (1930-1963), 514 notices, [86 pages], 2010. Publication en ligne : Site scientifique Jean Cocteau.
L’inventaire permet de prendre la mesure de la présence radiophonique de Cocteau dans son siècle. Celle-ci relève à la fois d’une activité médiatique, d’accompagnement, de commentaire, de défense et illustration de l’auteur et de son œuvre, via interviews et entretiens, (re)transmissions et lectures… et d’une activité de création délibérément assumée comme mineure, à travers causeries, sketches, reportages, impromptus, hommages et, parfois, diction de poèmes.

– La radio d’art et d’essai en France après 1945, Pierre-Marie Héron (dir), Montpellier, Publications de Montpellier III, 360 pages et deux CD audio, 2007. Prix : 30,43 €. Présentation

–Les écrivains et la radio, Montpellier, Publications de Montpellier III / Inathèque de France, 2003, 416 pages et un CD audio. Actes de colloque (2002) augmentés de documents sonores, réunis et présentés par Pierre-Marie Héron. Prix : 40 €. Présentation

– Les écrivains hommes de radio (1940-1970), Montpellier, Publications de Montpellier III, 2001, 259 pages et deux CD audio. Communications et documents écrits et sonores réunis par Pierre-Marie Héron, 259 pages et deux CD audio, 2001. Prix : 35,05 €. Présentation

– Les écrivains à la radio : les Entretiens de Jean Amrouche, Montpellier, Publications de Montpellier III, 2000, 160 pages et deux CD audio. Études et documents écrits et sonores réunis par Pierre-Marie Héron. Prix : 30,55 €. Présentation

Chercheurs de RIRRA 21 impliqués dans le programme : François Amy de la Bretèque, Guillaume Boulangé, Micheline Cellier-Gély, Michel Collomb, Pierre-Marie Héron, Marie Joqueviel-Bourjea, Gérard Lieber, Philippe Marty, Annie Pibarot, Marie-Eve Thérenty.

Partenaires institutionnels : Université Paris-Sorbonne, université de Leeds (Grande-Bretagne), universités de Stuttgart et de Regensburg (Allemagne), Institut national de l’audiovisuel (Ina), Radio France ; GRER  (Groupe de Recherches et d’Études sur la radio, Bordeaux), Comité d’Histoire de la radio (Paris).

Dernière mise à jour : 11/10/2017