Appel à communication : Journée d’étude « Poéthique du plan-séquence »

Journée d’étude « Poéthique du plan-séquence »

Vendredi 17 novembre 2023 - 9h-17h
Université Paul Valéry Montpellier 3 – Site Saint-Charles

 

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Si la notion de plan-séquence (popularisée en France par André Bazin dans ses textes fameux sur les films d’Orson Welles et William Wyler) possède une définition parfois flottante (on parle par exemple en anglais de « long take », évacuant ainsi la notion de séquence), elle demeure une forme filmique qui parcourt le cinéma et l’audiovisuel depuis ses origines. Étirant le temps et mobilisant l’attention des (télé)spectateur·rice·s, le plan-séquence reste encore à ce jour peu étudié en tant que tel. Ainsi nous souhaitons, lors d’une journée d’études inscrite dans le cadre du programme de recherche « Politiques des formes audiovisuelles », nous questionner sur les enjeux de cette forme filmique dans les films et les séries télévisées.

Dans un premier temps, nous souhaitons interroger la terminologie même de cette notion critique dont les contours peuvent paraître parfois flous. Quels sont alors les enjeux de lier ensemble plan et séquence au détriment du temps long ? Ensuite, nous souhaitons questionner l’ontologie même du plan-séquence, ses paramètres audiovisuels et ses caractéristiques spatio-temporelles. Qu’il soit fixe ou en mouvement, qu’il soit discret ou virtuose, voire même mensonger (le numérique permet désormais de donner l’illusion permanente du « plan » long à partir de la fusion de plusieurs plans tournés), le plan-séquence problématise le rapport au visible, la tension entre champ et hors-champ, ou bien entre immersion et distanciation spectatorielle, par la médiation d’une technique qui vient faire rupture avec une « grammaire » cinématographique qui n’a cessé, au cours de son histoire, de privilégier les plans de plus en plus courts. Ainsi, une approche historique (synchronique et diachronique) de l’utilisation de cette technique par les cinéastes dans leurs oeuvres met-elle en évidence des périodes et des aires géographiques privilégiées ? Comment les avancées techniques (on peut penser à l’invention du Steadicam, l’allongement de la durée de la pellicule, l’apparition du numérique…) ont-elles modifié et/ou cristallisé les usages du plan-séquence ? Comment le numérique, qui a rendu possible la réalité du « fantasme » du « film plan-séquence » (cf. Hitchcock), modifie-t-il le rapport au plan-séquence et quels enjeux peut-on en tirer sur le plan poétique, esthétique, philosophique et éthique ? De même, qu’en est-il pour la télévision, médium qui a historiquement privilégié le temps long de la retransmission en direct des événements ? Enfin, qu’en est-il plus particulièrement dans les séries télévisées, dont le format particulier, où la fragmentation permanente (saisons, épisodes…) permet l’articulation des récits, semble a priori rétif au plan-séquence ? Que produit alors, esthétiquement, cette figure audiovisuelle ?

Dans un second temps, nous souhaitons nous intéresser aux enjeux politiques, idéologiques, éthiques voire socio-culturels du plan-séquence. En effet, dès lors que le plan long, promouvant un temps étiré, entre en résistance avec la doxa d’une pratique majoritaire de la « grammaire filmique » assujettie au plan court, de quoi son usage estil le dépositaire sur les plans politique, idéologique, éthique et socio-culturel dans les oeuvres ? Loin d’être une pure expérimentation visuelle systématiquement virtuose, il développe, comme chez Béla Tarr, une véritable vision de l’homme et du monde, du lien qui les unit, à travers la technique cinématographique. A l’image des oeuvres du cinéaste hongrois, mais aussi de celles de Tarkovski, Haneke ou R. Parthiban, comment le planséquence, oscillant entre immersion et distanciation, met-il en lumière des idées, des liens, des articulations, en reconfigurant le rapport à l’espace et au temps pour le spectateur ou la spectatrice ? De même, qu’en est-il dans les séries télévisées, où le plan-séquence introduit un rapport plus complexe à l’image et au temps en mobilisant une attention accrue dans le cadre de visionnages sur des écrans domestiques généralement peu propices à ce genre d’expérience ?


Les communications pourront porter par exemple sur :

  • Les questions de terminologie : « plan-séquence » vs. « long take »
  • Les paramètres audiovisuelles, la typologie du/des plan(s)-séquence(s)
  •  Les effets esthétiques du plan-séquence : tensions entre immersion et
  • distanciation, virtuosité et « simplicité »
  • La poétique du plan-séquence chez un.e cinéaste, un.e showrunneur.se
  • Des analyses diachronique et synchroniques de l’utilisation du plan-séquence
  • Des approches géographico-historiques de l’utilisation du plan-séquence
  • Les enjeux politiques, idéologiques, éthiques et socio-culturels du plan-séquence
  • Les enjeux techniques et numériques du plan-séquence

 

Comité d’organisation

Julien Achemchame (RIRRA21)
Amandine D’Azevedo (RIRRA21)


Modalités de soumission

Les propositions de communication (résumé de 300 mots environ, accompagné d’un titre et d’une notice biographique) devront être envoyées au format PDF conjointement à julien.achemchame@univ-montp3.fr et amandine.d-azevedo@univ-montp3.fr avant
le 31 mars 2023. Les réponses seront envoyées fin avril 2023.

Dernière mise à jour : 20/01/2023