EROL Ali Uygur

Musicologue et musicien, né en 1988 à Istanbul. Il a étudié le piano, puis la batterie. Il a validé sa licence, son master et son doctorat en musicologie à l’université Paul Valéry à Montpellier. Parallèlement à ses études, il a joué de la batterie dans des groupes de rock, d’abord à Istanbul, puis en France. Actuellement, il communique sur sa spécialité en musicologie, produit des émissions radio, et compose de la musique pour des films et des expositions.
 

Titre de la thèse : « Relations entre l'héritage musical ottoman, les politiques culturelles de Turquie et les compositions des Cinq turcs ».

Date de soutenance : 14 décembre 2022.

Résumé de la thèse :

Au début du xxe siècle, le gouvernement turc prônait l’idéal d’une musique nationale créée à partir de sources populaires afin de constituer un repère culturel commun. Le groupe de compositeurs appelé les Cinq turcs en fut le protagoniste, or ceux-ci se servirent à la fois de la musique populaire et de la musique savante traditionnelle ottomane, malgré l’opposition de l’État à cette dernière. Dans la thèse, nous montrons les points de convergence et de divergence entre idéologie et musique. L’utilisation des musiques traditionnelles dans la musique officielle n’est cependant pas une tendance propre à la Turquie du xxe siècle. Les institutions musicales de l’Empire ottoman furent réformées au xixe siècle, puis des compositeurs musulmans et non-musulmans employèrent la musique savante traditionnelle dans le cadre d’harmonisations pour piano seul. Plus tard, le nationalisme musical arménien produisit à la fois des pièces instrumentales et lyriques, à la recherche d’une expression inédite puisant dans le folklore. Quant à la Turquie, elle opère une transition vers un nationalisme à l’identité singulière, où les Turcs optèrent pour une musique nationale soulignant l’élément populaire, tout en s’inspirant des nouveautés de la musique savante occidentale du xxe siècle. Lors de la fondation des conservatoires, orchestres, radios et opéras à Istanbul et à Ankara, trois voies se distinguaient dans les compositions des Cinq turcs : une première voie personnelle sous l’influence du turquisme ; une seconde voie institutionnalisée par Paul Hindemith lors de son mandat en Turquie, et une troisième voie qui portait l’influence de la musique savante traditionnelle, à l’encontre donc de l’idéologie musicale de l’État. Cette dernière voie est significative, car elle confirme que l’esthétique personnelle peut amener un élargissement du cadre restreint d’une idéologie politique.

 

Courriel : aliuygurerol@gmail.com
Site web (musicien) : aliuygurerol.bandcamp.com